Le cas des cours de mise à niveau de la Grande Ecole
Par Emmanuelle LE NAGARD, Professeur de Marketing, Doyenne Associée à la Pédagogie. Emmanuelle s’intéresse depuis toujours à la méthode des cas, et la met en œuvre dans ses enseignements de la pédagogie par projets.
Ces deux dernières années académiques ont vu le passage, contraint et forcé par la situation sanitaire, des cours d’une modalité en présentiel, à une modalité en distanciel, que ce soit en 100% en ligne, ou sous un mode « dual », avec des étudiants en salle de classe et d’autres en ligne. L’inquiétude des enseignants est souvent grande concernant l’implication et la satisfaction des étudiants à l’égard de ce dernier mode pédagogique.
A l’automne 2019, avant le début de la crise sanitaire, les cours “Mise à niveau / Refreshers” destinés aux étudiants AST (admis sur titre) de la Grande École ont eu lieu selon un format classique en classe, mais se sont déroulés en distanciel à l’automne 2020, d’abord en mode dual, puis en 100% en ligne à partir de fin octobre, du fait du deuxième confinement. Cette situation inédite offre une opportunité de comparer, pour un même cours et un même professeur, les évaluations des étudiants selon les deux modes pédagogiques, et de proposer un début de réponse, à l’interrogation précédente.
Trois questions du questionnaire d’évaluation soumis aux étudiants à chaque fin de trimestre ont été analysées :
- Q7 Les méthodes pédagogiques mises en œuvre par l’enseignant(e) dans ce cours étaient efficaces (exposés, étude de cas, projets…)
- Q8 Les ressources pédagogiques utilisées étaient de bonne qualité
- Q10 Je suis globalement satisfait(e) de ce cours.
16 sections de cours (en Marketing, Informatique, Micro-économie, Finance, Mathématiques, Comptabilité) suivis par des étudiants français et internationaux, en français et en anglais, ont été analysées, avec les résultats qui suivent.
- Concernant les méthodes pédagogiques (Q7), dans 12 cas sur 16, les évaluations étaient marginalement ou nettement supérieures dans la modalité en ligne/dual que dans la modalité en présentiel.
- Pour la question sur les ressources pédagogiques (Q8), le distanciel est mieux évalué dans 10 cas sur 16, et
- Enfin, la satisfaction globale (Q10) par rapport au cours est supérieure dans 10 cas sur 16 dans la modalité distancielle.
Ceci démontre que la modalité en distanciel peut générer autant de satisfaction, sinon plus, du côté des étudiants, même si cette comparaison présente bien évidemment plusieurs limites importantes, interdisant une généralisation. Tout d’abord, le caractère contraint et inopiné de cette modalité a fait que les étudiants ont apprécié l’effort d’adaptation des enseignants, et les commentaires ont montré qu’ils leur étaient reconnaissants d’avoir su adapter les méthodes à cette situation inédite et nouvelle. D’autre part, cette évaluation a eu lieu, « à chaud » et pour des étudiants arrivant à l’ESSEC et suivant un premier trimestre en ligne, et il n’est pas exclu que la modalité distancielle, sur le long terme, génère de la lassitude et du désinvestissement. D’autre part, les cours de Mise à niveau utilisent des méthodes pédagogiques comme des projets et des études de cas, qui peuvent être relativement facilement être transposées dans un contexte en ligne, tandis que des cours plus approfondis, avec des exercices de négociation ou de jeux de rôle, peuvent être plus délicats à adapter.
En conclusion, cet exercice de comparaison peut contribuer à rassurer les enseignants sur la perception de l’enseignement en ligne par les étudiants, les outils d’interactivité, les témoignages de professionnels et les vidéos pré-enregistrées étant particulièrement plébiscités. Cependant, d’autres analyses sont bien sûr nécessaires pour mieux comprendre les conditions du succès…et les limites de l’enseignement en ligne.
Bonne reprise en présentiel !