Etudiants et chargée de cours de LSF

Apprendre la langue des signes française à l’ESSEC

Sous l’impulsion d’Elisabeth Forget, référente handicap à l’ESSEC, les étudiants de l’ESSEC peuvent désormais étudier la langue des signes française (LSF). Ce nouveau cours permet de répondre à la demande croissante d’étudiants désireux d’en apprendre plus, sur cette langue et son inclusion dans notre société. Au niveau de l’école, l’offre de ce nouveau cours s’insère dans le cadre de la Mission Handi Capacités ESSEC, ainsi que dans le pilier Together de la stratégie RISE.

Dans cet article, nous interviewons Maylis Balyan, chargée de cours à l’ESSEC. Elle enseigne ce nouveau cours depuis janvier 2022. Elle partage avec nous son expérience pédagogique. 

Avez-vous été surprise d’être sollicitée par l’ESSEC ?

J’ai été agréablement surprise d’avoir été contactée par l’ESSEC mais en même temps c’est dans la logique de cette société qui se veut inclusive et en accord avec les lois d’égalité des chances qui ont été mises en place. 

Comment appréhendez-vous l’enseignement de la LSF à l’ESSEC ? 

C’est génial que les élèves qui viennent soient curieux de découvrir la langue des signes française  Ils veulent par eux-mêmes voir ce qu’il y a à apprendre et découvrir de ma manière de communiquer et aller au-delà de l’image qui circule sur nous ! 

Qu’est-ce la LSF ? 

C’est la langue des signes française. Bien que chaque pays ait sa propre langue des signes, il existe une base internationale qui permet de communiquer avec n’importe quel sourd dans le monde. C’est la Grande Iconicité, c’est-à-dire qu’on va représenter dans nos mains ce que nous voyons (par exemple le signe arbre est désigné par une main vers le haut aux doigts écartés comme un arbre avec ses branches). 

Quand l’avez-vous apprise ?

Je l’ai appris tard, vers 17 ans  avec un groupe de “camarades” entendants . Avant, la langue des signes était peu répandue et déconseillée à l’apprentissage pour les personnes sourdes et malentendantes car on avait peur qu’elles s’isolent davantage avec cette langue : une aberration à l’heure actuelle ! 

Est-ce que l’enseignement de la LSF sera toujours pertinent face aux innovations technologiques pour les malentendants ?

Les innovations technologiques sont très bien mais c’est un complément à la LSF, par exemple les appareils auditifs bluetooth avec le téléphone permettent une meilleure qualité du son en évitant les bruits parasites mais ce n’est pas adapté à un sourd profond par exemple. L’application comme Roger Voice ou d’autres applications pour communiquer avec les entendants sont très bien conçus. Certaines se développent (comme des services d’interprètes en ligne qui évite les frais de déplacement de l’interprète par ex, très utiles en cas d’urgence ) ou des applications adaptées aux sourds et malentendants comme celle qui permet de contacter les urgences (114) par sms ou par LSF. 

Comment votre cours peut-il aider à faire évoluer les mentalités ? 

Lorsque quelqu’un remarque que je suis sourde malentendante j’ai parfois des réaction telles que “ma pauvre tu n’entends rien” alors je ris, et réponds “mon pauvre tu entends tout !” (…) Il n’y a pas de quoi être gêné face à ce qui est différent de ce que l’on connaît et perçoit comme la “normalité”.  La LSF, au même titre que l’espagnol, le portugais, le japonais… est une autre langue. A l’ESSEC il y a tellement de personnes qui ne parlent pas français. Tout le monde à l’habitude de s’adapter lorsqu’ils doivent communiquer avec des personnes qui ne parlent pas leur langue, une personne sourde telle que moi c’est simplement une personne parmi tout le monde.  

Cassiopée Vannier et Lucas Jory ont eu la chance de suivre le cours de LSF et nous livrent leur témoignage :

Cassiopée Vannier : ”J’ai voulu apprendre la LSF non pas pour être comprise à l’étranger, mais pour pouvoir communiquer en France avec le plus grand nombre. Cela inclut bien sûr les personnes sourdes ou malentendantes mais aussi les personnes âgées, celles en bas âge ou même certains animaux comme les chiens. 70% de notre communication est non-verbale. Ainsi, cette langue plus visuelle permet de s’exprimer avec beaucoup de nuances et son apprentissage bénéficie au quotidien en permettant de mieux véhiculer son message par le langage corporel. J’ai énormément appris pendant ces deux trimestres, notamment à transmettre mes émotions à travers mon expression faciale. Je retiens de ce cours la découverte d’une nouvelle culture et d’une autre façon de penser et de voir le monde, beaucoup plus visuelle. Cette expérience était très enrichissante.”

Lucas Jory : “J’ai choisi ce cours afin d’apprendre les bases de la LSF et de découvrir ce monde que je ne connaissais pas du tout. Après 2 trimestres de cours, je ne pensais pas en apprendre autant sur l’histoire, la vie et les évolutions des personnes malentendantes, cela est vraiment très intéressant. D’autre part, j’ai été agréablement surpris par la “facilité” à apprendre et retenir cette nouvelle langue. Je sais désormais tenir une conversion alors que je ne savais même pas dire bonjour 6 mois plus tôt. Je suis très content d’avoir pris ce cours et cela pourra toujours nous servir.”